Napoléon Saga : Je gagne mes batailles avec le rêve de mes soldats (Napoléon Bonaparte)

Napoléon Saga - Partie

Napoléon Saga apporte un regard neuf sur le wargame napoléonien en transposant en jeu de cartes l’art de la stratégie, du positionnement et du mouvement. Vos ordres et vos unités sont des cartes qu’il faudra engager judicieusement pour vaincre l’adversaire. Saurez-vous, à l’instar de Wellington et de Napoléon, mener vos troupes à la victoire ?

Napoléon Saga associe des mécaniques de deck-building et de wargame pour offrir un jeu de duel à la fois moderne et profond. Il a été conçu pour intéresser aussi bien le néophyte que le grognard invétéré. Ici, des cartes claires et magnifiquement illustrées par Giuseppe Rava remplacent les pions en bois parfois indéchiffrables; on rentre directement dans la bataille, ce qui rend le jeu intense et nerveux. Et pourtant, place est aussi faite à la stratégie, au sens du placement et de la manœuvre.

Le plateau de jeu se compose de deux parties où chaque camp (empire français et coalition) dispose de deux lignes de formation, d’une ligne de réserve, de zones de contournement et de retraite.

Chaque joueur dispose de deux paquets de cartes; un paquet représentant son armée (composé de ses unités : infanterie, cavalerie ou artillerie) et un paquet de cartes stratégiques qui correspondent aux ordres à donner. Chacun tire également 2 cartes objectifs gardées secrètes. Si ces objectifs sont réalisés, ils apporteront des points de victoire supplémentaires en fin de partie.

Napoleon Saga - coverFormez les rangs !

Les joueurs placent ensuite 12 cartes unités face cachée sur les deux lignes de front et sur celle de la réserve (qui, elle, peut avoir jusqu’à deux emplacement vacants). Ils prennent aussi en main 5 cartes stratégie. Celles-ci servent à la fois à déterminer l’initiative et les ordres donnés à l’armée. Si un joueur dispose dans sa main de cartes terrain, il peut aussi les placer sur son côté du plateau.

A chaque tour, les deux joueurs déterminent qui gagne l’initiative en jouant une carte stratégie, puis ils reforment les rangs. S’en suit une phase d’activation durant laquelle chaque joueur, alternativement, peut faire agir jusqu’à 3 unités. Une activation permet de faire un mouvement, de faire feu ou d’engager un combat au corps à corps. Les combats se résolvent en additionnant un jet de dés aux valeurs de l’unité attaquante. Sur un résultat de 6+, celle-ci inflige un jeton « pertes »; plus un jeton « pertes » supplémentaire si le résultat est supérieur à 9.

Si une unité reçoit au cours d’un même tour au moins deux jetons « pertes », elle doit réussir un test de moral ou battre en retraite. Quand une unité reçoit autant de jetons « pertes » que son score de cohésion ou qu’elle ne peut pas battre en retraite, elle est détruite.

Napoléon Saga - FrançaisLa garde meurt mais ne se rend pas !

La victoire survient quand un joueur cumule 10 points de victoire en détruisant des unités ennemies ou quand il se retrouve avec 3 espaces vides en première ligne à la fin d’un tour, synonyme de défaite. A ces grandes lignes, s’ajoutent des règles d’artillerie, d’attaque par le flanc et de charge.

Les règles sont plutôt simples et faciles à assimiler mais le jeu n’est pas simpliste pour autant. Il faudra bien placer ses unités et optimiser leurs qualités en combinaison avec les cartes stratégie et les cartes terrain disponibles. Infliger de lourdes pertes demande aussi de savoir combiner les attaques de l’artillerie à celles des unités en première lignes mais aussi aux charges de flanc potentielles. Il est bon aussi de savoir retirer ses unités entamées et les remplacer par les renforts en prenant le risque de se déplacer plutôt que d’engager le combat.

Napoléon Saga - Cartes StratégieLe hasard de la guerre

Le facteur chance est très présent puisqu’il faut lancer un dé quasiment pour chaque action ou test. Il est habilement pondéré par les cartes stratégies et les valeurs intrinsèques des unités. Du coup, cela devient une source de tension ludique qui ajoute au plaisir du jeu. On retrouve adapté ici au format jeu de cartes les grands principes qui font la saveur des wargames napoléoniens. Si les parties d’initiation proposées se font avec des paquets de cartes préétablis, le jeu prend toute sa dimension en mode avancé quand on constitue soi-même son armée pour un nombre total de points défini. Et vu les armées et unités débloquées tout au long de la campagne de financement, il y a de quoi refaire l’histoire, encore et encore.

Napoléon Saga - AnglaisMessieurs les anglais, tirez les premiers !

Pour cette campagne, les éditions Œuf Cube ont opté pour un financement assez élevé et qui fut atteint en seulement trois jours. Et, pourtant, les porteurs du projet se sont presque trompés de cible ! Ils pensaient que le jeu allait essentiellement toucher un public de wargamers anglophones auprès de qui les guerres napoléoniennes ont bonne côte. Dans cette optique, le jeu n’était initialement prévu qu’en anglais (bien que le projet soit français, un comble !) et la bataille de Waterloo fut retenue comme accroche principale puisque celle-ci reste une victoire anglaise (et de la coalition), ce qui est plus vendeur outre-Manche et outre-Atlantique.

Napoléon Saga - Needs YouOr, les souscripteurs français se sont mobilisés et sont même presque aussi nombreux que les américains. On peut imaginer que la réelle connaissance de la chose ludique et la passion pour le premier empire de l’auteur, Frédéric Romero (par ailleurs gérant de l’Œuf Cube, l’une des plus anciennes boutiques de jeux à Paris) a su rallier tout autant que la perspective de voir d’autres batailles traitées à l’avenir sous cette alléchante bannière qu’est Napoléon Saga !

Il est appréciable que, au vu de ce soutien inattendu, les porteurs  du projet ont su réagir, s’adapter et annoncer en milieu de campagne que le jeu serait aussi en version française intégrale. Cela n’a pas manqué de créer un réel rebond de financement.

La charge impériale

Napoléon Saga - Inf. légèreL’autre aspect agréable de cette campagne est que les paliers des stretch goals sont assez serrés et que ces derniers sont très nombreux. Plus d’une vingtaine furent débloqués, par cycle; ce qui ajoute déjà une soixantaine de cartes. Les porteurs ont aussi pensé à récompenser les souscripteurs en proposant en exclusivité Kickstarter le paquet de l’armée prussienne. Du coup, le financement et le déblocage de bonus furent constants et à un rythme soutenu; et suivis d’annonces quasi quotidiennes qui montrent une réelle implication des porteurs du projet. Il faut espérer que la suite de la campagne (Late pledge -soutien tardif-, phase de production et de livraison) bénéficiera aussi de cette qualité de communication, même si sans doute ce sera à un rythme plus adapté.

A 48h de la fin de cette campagne, menée tambour battant, Napoleon Saga propose une boite généreusement remplie et un jeu très actuel qui offre un duel acharné entre deux joueurs stratégiques. Et si vous êtes complétistes, les achats optionnels ont de quoi retenir toute votre attention. Pour un prix en dessous des 60€ fdpin (pour la France), il y a là l’opportunité de s’offrir un jeu remarquable, au thème finalement original, et capable de concurrencer les ténors des jeux de cartes à deux.

Pour les nouveaux grognards

Il est aussi souhaitable que Napoleon Saga poursuive sa vie bien au-delà de l’univers Kickstarter. C’est un produit qui pourrait très facilement trouver sa place dans le réseau des boutiques de musée car le travail d’illustration des cartes par Giuseppe Rava est particulièrement réussi et fidèle aux uniformes des protagonistes; le jeu peut tout à fait servir de support éducatif pour faire découvrir aux jeunes générations la période napoléonienne et l’art de la stratégie.

 


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