Shadowscape : un donjon tout plat mais pas sans relief

Essai Shadowscape

Pour Shadowscape, NSKN a réussi a synthétiser les mécaniques classiques d'un Dungeon Crawler avec juste des cartes. Mis à part des jetons monstres et trésors, le jeu n'est en effet composé que de cartes qui vont servir à toutes les actions des joueurs et des monstres. essai shadowscape-carte donjonCelles-ci ont toutes plusieurs usages et un système simple de pictos (en très petit nombre) va permettre de les combiner pour réaliser des actions plus "héroïques".

Le plateau sera ainsi constitué aléatoirement de 25 cartes (carré de 5 "cases" sur 5), chacune indiquant quel monstre l'occupe et si un trésor est "trouvable". Il ne reste plus qu'à placer dessus les jetons appropriés et à positionner chaque aventurier dans un coin.

Shadowscape : tout est sur la carte

Chaque héros commence la partie avec 4 cartes de compétences spécifiques et un nombre de cartes "Fate" indiqué par la fiche du personnage. Pour se déplacer, par exemple, vous allez devoir "engager" une de vos compétences (n'importe laquelle) pour vous déplacer du nombre de cases indiqué par la carte du personnage. Si vous voulez vous déplacer d'une case de plus, défaussez une carte Fate avec le symbole de mouvement. Ou défaussez-vous de 2 cartes pour vous déplacer de 2 cases de plus.shadowscape-cartes-competences

Le combat se déroule de la même façon : "engager" une carte de compétence combat et éventuellement la booster en défaussant des cartes Fate correspondant au symbole de la compétence. De même pour "chercher" un trésor (action de recherche).

Une compétence engagée est ensuite retournée, chaque face proposant un effet différent. Exemple : piocher 4 cartes Fate au recto et, au verso, attaquer pour 1 point sur une case adjacente. On peut utiliser 2 compétences différentes par tour et, d'un tour à l'autre, votre personnage aura donc des capacités différentes. A vous de gérer vos actions du tour en prévision aussi du suivant.

essai Shadowscape-carte FateUne fois que le joueur a terminé son tour, on déplace les ennemis en tirant une carte Fate. Le symbole indiqué par celle-ci décide des ennemis qui vont se déplacer. Le sens de leur déplacement est fixé par les cartes de terrain; la quantité par le jeton de chaque ennemi. S'il termine son mouvement sur la case d'un héros, il l'attaque. Le combat se résout alors en comparant l'attaque de l'ennemi à la défense du héros qu'on peut bien sûr booster avec une ou plusieurs cartes Fate possédant le symbole approprié. Si le héros subit des dommages, il peut prendre des blessures ou les placer sur une ou plusieurs cartes de compétences qui ne seront alors plus utilisables.

Les cartes Fate peuvent enfin se jouer pour leurs capacités (différentes selon qu'on joue en coopératif ou en compétitif).

Les jetons que vous ramassez permettent d'acquérir des équipements (4 sont disponibles en permanence) et de nouvelles compétences. Des cartes "Whisper", qui sont autant de missions à accomplir (4 disponibles en permanence), sont gagnées dès qu'un joueur remplit l'objectif indiqué. La partie se termine quand le Seigneur du donjon (qui apparaît avec la carte Whisper de niveau 3; le jeu en propose 5 pour varier les plaisirs) est éliminé. En coopératif, il faudra y arriver avant que le paquet de cartes Fate soit épuisé. En compétitif, le vainqueur est celui qui a marqué le plus de points "Shard" entre ses objets, ennemis vaincus, etc.

Un système simple et efficace

Les cartes multi-fonction, le faible nombre d’icônes utilisées, le déplacement des monstres avec juste une carte (ou deux si vous souhaitez augmenter la difficulté), etc. : NSKN a réussi un jeu très épuré qui posera peu de soucis de règles. Les expliquer ne prendra qu'une poignée de minutes. Et la mise en place, pas plus.

essai Shadowscape-carte EnnemiLe jeu est d'ailleurs du genre rapide. Même si on retrouve toutes les sensations d'un jeu de type Pièce-Monstre-Trésor, c'est sans la longueur dont souffrent souvent ceux-ci. Une heure devrait largement suffire pour une partie de Shadowscape. Qui, d'ailleurs, s'affranchit aussi du hasard inhérent au genre. la seule incertitude reste le type de monstre qui se déplacera après le tour d'un jour (il y en a trois types, donc une chance sur trois). Tout le reste est contrôlable et prédictible. On est donc certes sur un Dungeon Crawler léger mais aussi, surtout !, sur un jeu à l'européenne où il va surtout s'agir d'optimiser ses déplacements et actions en fonction des cartes dont on dispose. Inutile d'espérer tuer un ennemi sur un coup de chance : ou vous avez en main de quoi l'éliminer. Ou vous avez assez pour trouver le trésor. Ou pas.

Et les obstacles ne manquent pas pour mettre à mal vos plans bien planifiés : le nombre limité de cartes en main, les cartes compétences recto-verso dont il va aussi falloir gérer les effets, les blessures qui "bloquent" nos cartes mais font qu'un héros ne meurt jamais mais perd de ses libertés d'action (et de temps pour guérir), les déplacements des ennemis, prévisibles mais délicats à anticiper, la possibilité de jouer une carte Fate pour sa capacité (même si elles manquent un peu de variété) ou de la garder pour booster une compétence, les impératifs des cartes Whisper qu'il faudra satisfaire au plus vite pour arriver au boss...

Il y a dans Shadowscape un peu de l'abstrait d'un Dungeon Twister auquel il fait naturellement penser. Si le thème n'est pas bien original, les mécaniques le sont et offrent un jeu aussi déterministe que sympathique. Le hasard est ici entièrement réservé à la mise en place de la partie, ce qui devrait garantir une assez bonne rejouabilité. Le petit dernier de NSKN est un très intéressant jeu coopératif qui est aussi jouable en compétitif.

Les bémols de service

Il semble que l'acquisition de compétences ou d'équipements soient un peu difficile, trop "chère". Ce qui amène à des tours un peu trop identiques, avec une progression lente.

Shadowscape - Figurines

Les figurines (optionnelles)

Et même si les figurines nous semblent totalement superflues, et donc le soutien "sans figurines" chaudement recommandé, il sera évidemment difficile pour beaucoup de résister à l'attrait du plastique. Difficile, tout de même, pour ce qui reste un petit jeu, même avec une boîte bien pleine, de justifier les $66 (fdpi). Le soutien de base à $43 (fdpi) est un peu onéreux mais nettement mieux adapté.

C'est encore plus vrai depuis que NSKN a décidé de regrouper tous les bonus décrochés en une extension qui sera ensuite disponible en petite quantité et payante. Vu la quantité de matériel ajouté (9 cartes de donjon, 6 objets, 10 événements dont 5 "négatifs", des alliés (13) pour accompagner les héros, des cartes de compétence en plus pour personnaliser votre personnage), il devient intéressant de ne pas attendre. On aurait toutefois aimé que soient inclus quelques cartes "Fate" pour varier un peu les plaisirs mais au moins cela évitera de perturber l'équilibre du jeu avec des effets ajoutés "pour faire plaisir".
 


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