Boomerang : le retour de l’australien

Boomerang le jeu Grail Games

Une nouvelle fois, Grail Games, l’éditeur australien, s’associe avec un auteur renommé. Après Reiner Knizia, il s’agit cette fois de Scott Almes, le papa de la série Tiny Epic et de Heroes of Land, Air and Sea, entre autres. De cette première collaboration naît Boomerang, un jeu à la forte personnalité et qui s’inscrit dans la tendance du moment. Et pourtant, ce n’est pas tout à fait un Roll & Write !

 

Papier-crayon à la mode

Car, oui, les jeux de type Roll & Write sont bien porteurs actuellement. Les descendants du Yahtzee, puis du Qwixx, ont le vent en poupe. L’idée n’est pas de tous les citer ici, mais de constater que leur complexité et leur géométrie sont variables. Entre Qwinto, Dice Star et la Route des vignes, le point commun essentiel est le lancer de dés à consigner par écrit. Avec sa sélection 2018, Le jury du Spiel des Jahres apporte une caution au genre en retenant dans la catégorie expert Très futé !, de Wolfgang Warsch, édité chez Schmidt.

jeux Penny PapersActuellement, on trouve en boutique une très bonne série à la complexité progressive : les trois Penny Papers de l’éditeur belge Sit Down lancent les joueurs dans d’astucieuses aventures en inscrivant des séries ou des coordonnées tout en affrontant moult dangers à coup de chiffres.

Grail Games ne se trompe pas en s’inscrivant dans ce mouvement. Il vient d’éditer en version boutique seulement, Criss Cross un autre jeu de type Roll & Write, conçu par… Reiner Knizia.

Ce qui fait la spécificité de Boomerang, c’est qu’il se définit en fait comme un Draft & Write car sa mécanique ne repose pas sur des dés.

cartes Boomerang Grail Games

 

Excursion australienne cartes en main

Boomerang propose de visiter l’Australie dans tous les sens. Chaque joueur reçoit sept cartes. Il sélectionne la première, face cachée. Il s’agit de la carte Lancer (vous allez vite comprendre, si ce n’est déjà fait !). S’en suit une séquence où chacun sélectionne une carte et coche sa localisation sur sa fiche Plan du pays. Puis, il passe le reste du paquet à son voisin et en récupère un lui-même pour effectuer une nouvelle sélection, etc. À la fin de cette phase de draft, la dernière carte reçue simule l’effet boomerang. Si la valeur de la carte Lancer est égale ou inférieure à celle « attrapée » en dernier, ses points s’ajoutent aux autres scores de la manche.

Les autres manières de marquer des points correspondent à plusieurs séries ou collections : le nombre de sites touristiques et de régions entièrement visités, la valeur d’une collection d’objets, du moment que celle-ci soit supérieure à celle de la collection de la manche précédente, le nombre de paires d’animaux récoltées, le plus grand nombre d’activités touristiques identiques effectuée lors de la manche (sachant que l’on ne score qu’une fois par partie une des quatre activités). Le jeu se déroule en cinq manches à l’issue desquelles celui ayant le score total le plus élevé l’emporte.

 

fiche Boomerang

 

L’esthétique du jeu fait référence à un style très en vogue en Australie dans les années 40, ce qui explique l’effet quelque peu daté de la direction artistique. C’est assumé. Le principe du draft apporte une interaction bienvenue et les choix inhérents : doit-on prendre une carte qui nous avantage ou priver les adversaires de ce qui les ferait avancer au score ?

 

Le bush et ses dangers

Quant à la campagne, il ne faut pas en attendre de trop. Simplement parce que le porteur de projet fait dans l’essentiel. Elle s’adresse directement aux amoureux du pays des kangourous (les « roos » comme ils disent là-bas !) et s’émaille de jolies petites références à la culture australienne à travers quelques vidéos bien senties. Cela donne envie d’aller y jeter un coup d’œil régulièrement. Les Stretch Goals sont surtout du box upgrade avec l’inclusion de crayons et de feuilles supplémentaires, pour ce qui est actuellement révélé.

Le projet a financé en cinq jours. Reste moins d’une semaine pour voir si Boomerang peut se faire une place au soleil australien. Il doit faire face à une forte concurrence, pas uniquement frontale : un vrai Roll & Write vient de finir sa campagne. Bien qu’un peu cher et sur un thème très proche, puisqu’il propose un road-trip aux Etats-Unis, On Tour a réussi à capter plus de 3000 souscripteurs. Après leur voyage aux USA, auront-ils envie de découvrir l’Australie ? Ont-ils encore du budget pour ce faire ? En 2017, The Spiel Press Roll and Write Gamebooks et SteamRollers n’avaient pas réussi à atteindre le millier de backers ; ce qui est la performance moyenne de Grail Games sur les derniers projets portés, exception faite d’un financement annulé cette année-là.

 

On l’aime bien « Aussie »

Avec une quinzaine de campagnes à son actif, l’éditeur australien est un acteur confirmé de Kickstarter. Il est réputé pour la qualité de ses projets et pour savoir les mener à bien. Il a, par exemple, l’habitude de livrer ses jeux par avion, pour limiter globalement les problèmes. Certes, il y a eu des retards sur Medici The Card games et King’s Road, mais rien d’extraordinaire.

Les pledges de Boomerang sont tout à fait raisonnables, le jeu seul étant proposé à environ 13€ fdpin. Mais le projet n’étant pas Euro-friendly, Grail games prend le risque de voir appliquer des taxes malgré la petite taille de la boîte. [NDLR : normalement, à ce tarif, ça passe sous les radars; les risques de se voir réclamer le paiement de taxes est donc très faible]

Les autres pledges proposent, comme d’habitude, d’autres jeux de l’éditeur : Criss Cross et King’s Road, en quantité limitée. Un dernier pledge permet aux américains d’acheter Jeju Island. Celui-ci est devenu Nomades chez Ludonaute (le second jeu de leur série Les Légendes de Luma), ce qui peut expliquer qu’il n’est pas accessible aux européens.

 

Par la qualité de son éditeur, sa thématique et son prix raisonnable, Boomerang a bien une petite carte à jouer. Son originalité et sa rareté peuvent être séduisantes pour compléter une ludothèque. Il faut lui souhaiter que cela soit suffisant pour qu’il se distingue de ses nombreux concurrents, qu’ils soient sur Kickstarter ou déjà en boutique.

 

 

Pour en savoir plus :
la page KS pour soutenir Boomerang.

2 commentaires

  1. Avec plaisir. C’était l’idee de l’article : informer de ce projet qui avance à côté des gros projets. Sa mécanique un peu originale, et pourtant qui parle à beaucoup, a de quoi séduire. Un jeu à sortir pour surprendre et étonner ses invités, son groupe de joueurs.

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  2. Je suis totalement passé à coté, mais dans le coup je m’y suis intéressé et c’est plutôt sympathique, Merci.

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